Atlas d’Iomadach - Les Plaines de Meudach

Juault ne se rappela pas les instants qui suivirent l’annonce du haut conseil du matin, c’était l’évènement de trop. Il sombra.

Il faisait beau, les fenaisons venaient de se terminer et tout le village fêtait ces jours de labeurs, désormais derrière eux. On pouvait sentir la légèreté ambiante d’une fin de mois de mai sur la place centrale. De grandes tables avaient été dressées, habillées de nappes usées par les années, agrémentées de bouquets de fleurs sauvages ramassées par les enfants alors que les adultes étaient occupés aux champs.

Au village, ce qui était également le cas dans chaque village des plaines de Meudach, les préparatifs touchaient à leurs fins lorsque l’information arriva, colportée par la radio publique installée sous le porche de la grande arche. Le Haut Conseil avait décidé de réquisitionner toute production agricole ainsi que la restructuration complète des terrains des plaines. La raison invoquée était, bien naturellement pour un ordre de cette ampleur, la guerre ou plus précisément la lutte contre l’oppresseur.
Juault eut juste le temps de se questionner sur la nature de l’oppresseur avant de sombrer.

Cela faisait six générations que les plaines vivaient au rythme des saisons, en quasi ermitage vis-à-vis du monde. Personne ne se souciait de ces simples vivants, et eux ne se souciaient guère des compatriotes civilisés des villes. Les gens des plaines vivaient chichement, mais étaient riches de vie. Un trésor que tout habitant des plaines de Meudach se gardait bien d’ébruiter.

On arrivait sur les plaines en suivant la vallée d’Asulr d’Ouest en Est puis, il fallait traverser le désert des Tuns sur une dizaine de jours pour enfin apercevoir les plaines de Meudach.
Une terre faiblement vallonnée, une effusion de couleurs dans ces petits champs bordés de haies. On y trouvait des espèces végétales devenues endémique aux plaines, le climat y étant doux aux beaux jours, et assez froid en fin d’année. Un visiteur des villes, sûrement égaré, avaient de quoi être surpris en traversant les Plaines de Meudach. Aucune route n’existait, aucune carte disponible, y compris auprès des autochtones qui d’ailleurs n’en possédait pas non plus. Il fallait marcher à travers les champs, trouver un passage dans les haies, suivre je ne sais quoi pour espérer trouver un village.

Ces derniers se fondaient dans le paysage à telle points que de nombreux aventuriers passèrent devant sans même s’en rendre compte. Les maisons étaient fabriquées avec des armatures en bois, recouvertes par de la terre et de l’herbe qui, par magie, continuait de pousser sur les murs de la maison. Pour qui savait voir les villages, le spectacle était saisissant. On remarquait des talus recouverts de fleurs, généralement avec une culture vivrière sur le toit, là encore les nuances de couleurs étaient absolument divines, et chaque maison était différente.
Bien sûr, les places centrales avec leurs murs écroulés en pierre pouvaient indiquer la présence de villages, or ils semblaient totalement à l’abandon et bon nombres d’aventuriers les confondîmes avec des vestiges des temps anciens. Certes il s’agissait bien de vestiges datant du début des Temps Inconscients, mais les habitants des plaines en avaient fait le symbole de la continuité des temps, du renouveau de la vie et c’était là-bas, entourées de ces murs emplis d’histoires, qu’ils célébraient la vie.

Juault se réveilla, allongé dans un lit, il se frotta le visage puis regarda s’il voyait quelqu’un dans la pièce. Personne. Il se leva avec peine et avanca lentement vers la porte entrouverte.
Tout le village était monté sur le point le plus haut du village, regardant au loin les engins et leurs sombres fumées arriver au loin, depuis le désert des Tuns.

« T’en fais pas Juault, nous sommes prêts. »

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