Pong Musical: Talk Talk - The Colour of Spring

Le cerveau peut jouer des tours, enfin le mien me joue des tours. Quand mes yeux se sont posés sur le Ark – Ark du Gars qui a des mots en plein furvent, et bien mon cerveau a tilté Talk Talk. Bon, j’ai des circonstances atténuantes, non ? Outre la répétition, il y a quand même dans les huit lettres de Talk Talk quatre que l’on retrouve dans Ark Ark. Et je vous parle même pas de leur place.

Mais le sujet de ce Pong n’est pas mon cerveau. Quoique ce soit très intéressant. Enfin à mon avis…

Ark : c’est vrai que les musiciens en ont sous le pied. La partie batterie/percus du premier morceau te cueille à froid, le refrain du second t’emporte, le type de morceau qui a tout pour devenir un hymne, avec le troisième morceau tu as déjà visité assez de paysages musicaux pour ravir tes oreilles… C’est à la fois joli et puissant. Merci pour la découverte.

Donc : Talk Talk. Un leader/chanteur habité, accroché à son micro, lunettes noires, le regard rivé à ses chaussures, aucune présence scénique, mais le chant te prend au fond des tripes, là où se cachent les pires sensations douloureuses de ta vie, toutes les fois où tu as été seul, rejeté et humilié. Pas un adepte du deux couplets, un refrain, un couplet, solo ou pont, refrain, bonsoir madame, 3 minutes pour la radio. Non non, le gars Mark Hollis, décédé il y a peu, est un adepte du Son, de la Note Exacte au Bon Endroit, du Silence, de la Basse Qui Ouvre Les Portes Du Fond De Ton Ventre (voir un peu plus haut), de la Batterie Pas Binaire.

Talk Talk, en trois albums, est passé d’une pop originale à une musique minimale, flirtant avec le jazz, un sabordage commercial très efficace. J’ai découvert le groupe un samedi soir de 1984 grâce à un concert diffusé dans « Les enfants du Rock », émission présentée par Antoine de Caunes. Un batteur, deux percussionnistes, deux claviers, un guitariste, un bassiste et le chanteur. Beaucoup de monde sur scène, une composition très épurée , chaque son à sa place, tout est au service de l’émotion que met Mark Hollis dans chaque morceau. L’interprétation de « Renée », la plainte, la douleur qui sort du chant me déchirent à chaque fois. « Tomorrow Started » n’est pas loin derrière… Je suppose que l’album «It’s My Life» sera trop marqué pop pour certains, que « Spirit Of Eden » sera trop minimaliste pour d’autres, alors je vais parler de « Colour Of Spring », album de la transition.

Ça commence par une batterie, puis quelques notes de basse, accords de piano, chant, puis nappes de synthés, petites notes de guitare, chœurs d’enfants, contrebasse. J’aime bien l’écouter au casque, il y a toujours des petits collages musicaux, cachés ça et là, bien agréables à découvrir. Puis vient « I Don’t Believe You » : tempo lent, voix hypnotique, économie de moyens, mais terriblement efficace. Ensuite un morceau construit autour d’un ostinato de 8 notes de piano nommé « Life’s What You Make It », peut-être le plus classique dans sa construction. Ce qui n’est pas le cas de « April 5th », tout dans la retenue, le minimum d’effets pour le maximum d’efficacité. Arrivé au milieu de l’album, « Living In An Another World » tombe à pic pour ceux qui ont besoin d’un peu de rythme pour s’agiter les neurones, avec une partie d’harmonica bien sympa. « Give It Up », j’aime particulièrement les claviers genre Hammond qui remplissent l’oreille de bonheur. « Chameleon Day » : 3’20. La durée idéale pour la radio FM. Mais là il n’y avait aucune chance que ça passe. Pourtant c’est bourré d’émotion. Mais il faut choisir à qui tu fais écouter, c’est pas d’un abord des plus faciles. L’album se termine par « Time It’s Time » avec des chœurs d’adultes dont les parties s’empilent les unes sur les autres pour laisser la place à une flûte qui va doucement clore ces 45 minutes de voyage chez Mark Hollis. Pour moi, c’est un très bon album. À vous de vous faire votre propre opinion. Que je suis bien curieux de connaître.

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