Pong musical : Peter Gabriel – Ovo : The Millenium Show

Il a raison le gars au furvent plein la tête : si la finalité de la musique est de vous emmener en voyage (et ça l’est certainement), alors le voyage proposé par le Hidden Orchestra est un bien beau périple.

Ça sent effectivement la forêt avec tous ces oiseaux qui pépient, qui volent autour de toi, on les entend, on les voit, on pourrait presque les toucher tant ils sont présents. Il y a aussi des traversées de ruisseaux, les batteries dessinent le paysage, tantôt dense, tantôt plus aéré, on sent la chaleur, la moiteur ambiante.

Pour ma part j’étais en Amazonie, là où personne n’a jamais mis les pieds, la forêt primaire, papillons de couleurs, oiseaux éclatants, mille paires d’yeux qui t’épient, cachées dans les arbres, j’ai grimpé des pentes abruptes, m’accrochant aux troncs recouverts d’une toison épaisse et humide, j’ai traversé des clairières sous un soleil éclaboussant de lumières irisées, j’ai descendu des fleuves immenses, pleins d’une eau boueuse et de poissons qui n’attendaient que le moment où mes doigts chercheraient la fraîcheur pour me déguster les phalanges, j’ai aussi couru par moments, poursuivi par des félins noirs et gracieux…. 

…..bref, en ces temps de restrictions de déplacement, j’ai niqué le Covid en voyageant bien plus que si j’avais pris trois avions, trente six bus déglingués, et quatre bateaux/barques rouillés prêts à sombrer…. En conclusion : jolie découverte. J’ai beaucoup aimé les deux batteries, tout le travail sur le Son (voir plus loin), la structure des morceaux qui est parfaite. Et quelques autres petites choses.

En musique il y a les notes, et puis il y a quelque chose qui titille toujours l’oreille du musicien : le Son. Sa texture, sa forme, sa vie propre, ses évolutions. Pourquoi écouter, jusqu’à l’obsession parfois, le même artiste, le même album si ce n’est pour le Son ?

Il y a un musicien qui est très fort dans ce domaine. Toujours plus ou moins entouré par les mêmes copains : l’immense arachnéen bassiste spécialiste du Chapman Stick, j’ai nommé Mr Tony Levin himself, avec à ses côtés le discret architecte de la guitare, David Rhodes, à la batterie Manu Katché ou Ged Lynch, styles différents, efficacité comparable et aux claviers David Sancious.
Ces musiciens là ne vous proposent pas de solo virtuose pour vous montrer à quel point ils sont forts et rapides. Non. Chaque note est au service du morceau, juste placée là où elle doit se situer dans le cosmos. Avec le Son qui va le mieux à ce moment précis. Quand les morceaux sont construits comme ça par le Maître du Jeu, il n’y a rien à rajouter.

Bon, vous avez reconnu Mr Peter Gabriel, (c’était facile, c’était dans le titre). Qui aime aussi bien le son le plus torturé par tout plein d’effets que la flûte en bois à deux trous jouée par trois type au fin fond d’un désert quelconque, mais bon, c’est un de ces trois type qu’il ira chercher pour l’emmener en tournée mondiale devant des fans conquis d’avance et en attente de la première note du concert pour sentir les poils du bras qui se dressent, je le sais, j’ai fait trois fois l’expérience, et à chaque fois le phénomène se produit…

Peter Gabriel était là dans la période la plus créatrice de Genesis, et puis il s’en est allé pour construire une discographie qui mérite le respect. Ce n’est pas du pur rock, c’est pas du progressif, c’est pas de la pop, mais c’est toujours beau et efficace. Petite coquetterie du monsieur : ses quatre premiers album n’ont pas de nom… Les trois suivant sont So, Us et Up. Économe le garçon… Ovo est un projet pour l’inauguration du Dôme Du Millenaire de Londres.

Pourquoi ai-je choisi OVO pour ce Pong ? Allez écouter The Man Who Loved The Earth/The Hand That Sold Shadows et vous comprendrez… (S’il est avare de lettres pour les noms des albums, il ne l’est pas pour les titres de morceaux.)

OVO, donc, commence par l’aube, le soleil se lève, gros son de basse continue, je crois que je pourrais écouter une seule note en basse continue comme ça pendant des heures, claviers aux sonorités mixées/malaxées, des cordes, une voix ouatée, une flûte vient annoncer le lever du jour, des basses qui deviennent encore plus basses et c’est parti pour un voyage dans le Son : on va rencontrer plein d’instruments, plein d’atmosphères, plein de pureté musicale, bref que des bonnes choses génératrices de litres et de litres d’endorphines diverses et pas avariées, pour se terminer par un long morceau d’une efficacité plus que certaine, plus que redoutable, une efficacité qui vous fait vivre ces dernières notes de cordes avec un immense regret : le regret que ce soit déjà terminé. Mais pendant votre voyage vous allez découvrir quelques perles et pépites. Make Tomorrow, le dernier morceau, est au niveau du Chef d’Oeuvre, mais auparavant il y a de très belles découvertes à faire. Bonne écoute.

Ah, j’allais oublier : pendant mon tour en Amazonie, contrairement au Gars Plein De Furvent Dans La Tête, j’ai gardé mon pantalon et ma chemise. Trop de bébêtes étranges qui piquent et après ça gratte salement. Pas l’endroit où gambader tout nu…

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