Pong-Pong Musical : Neil Young - Tonight’s The Night / Pendragon – Not Of This World

Alors le jeunot, un peu fatigué, un peu surpris par les balles qui reviennent, propulsées à toute vitesse par le vieux joueur devant lui, plus très très mobile, mais toujours sur la trajectoire, comme si, quelque part au fin fond de son cerveau rouillé quelques neurones se souvenaient de trajectoires semblables…. et le jeunot se dit je vais lui envoyer deux balles à la suite, Ping Ping, ça va le déstabiliser complètement le vieux ! Alors aujourd’hui je me vois dans l’obligation de répondre par un Pong Pong, mais c’est vrai que ça m ’a déstabilisé… Obligé de réfléchir à deux Pongs en même temps !! Et en plus le second avec 200 mots seulement… Bon, ça on verra…

Katatonia : musicalement, l’image qui m’est venue est celle d’une armée disparue réapparaissant au fond d’un cratère, pleine de force sereine, d’énergie tranquille, remontant le pente pour renaître, victorieuse, tout autour du sommet, levant les bras et criant sa volonté de vivre aux nuages noirs et aux dieux qui les surplombent, s’ils existent. On sent qu’il y a eu de la douleur, de la mort, des combats pour arriver ici. J’ai particulièrement aimé la (fausse) simplicité de « Decima ». « Residual » et « Serac » sont évidemment à ranger du côté des morceaux à écouter de nombreuses fois pour commencer à en sentir toute la richesse. Mais il n’y a rien à dire : chaque morceau est excellent. Merci pour la découverte, pour le voyage.Le travail sur le son est très agréable, équilibré, ni trop,ni trop peu.

À la lecture du Ping sur Katatonia, une lumière s’est allumée à la vue du mot mélancolie : je connais un spécialiste, et un album plus que les autres, et un morceau plus que les autres !! Donc, pour changer, je vais vous parler d’un morceau. Ce qui risque d’être perturbant c ’est que le nom du morceau est aussi le titre de l’album. Et que pour simplifier le tout, ce titre est le premier morceau de l’album. Mais aussi le dernier. Ce qui est une petite habitude chez Neil Young. Album « Rust Never Sleeps » : le morceau « My My, Hey Hey » acoustique voit ses paroles légèrement modifiées et son titre devenir « Hey Hey, My My » en version électrique. Sur l’album « Freedom », l’hymne « Keep On Rockin’ In The Free World » clôt l’album en version électrique, mais le débutait en version acoustique. Quelles sont les meilleures versions ? Euh… ça fait plusieurs décennies que j’essaie de trancher ce dilemme, mais sans y arriver.

Si Katatonia c’est de la noirceur travaillée, Neil Young c’est de la noirceur brute. Et si Katatonia c’est de la noirceur sublimée et créatrice, Neil Young c’est de la noirceur destructrice….Ce qui nous amène à la question : quelle est la meilleure musique ? Travaillée ou brute ? Beatles ou Stones ? Ou Pink Floyd ? Le premier qui a la réponse peut sortir par la porte située juste derrière lui parce qu’il n’a rien compris, et donc il doit tout recommencer à la case Départ. Case où nous nous trouvons tous d’ailleurs…

Donc « Tonight’s The Night », album N° 2 de la Ditch Trilogy, trilogie du fossé, ou du caniveau, c’est selon, enregistré avant « On The Beach » mais sorti après, cet album par un Neil Young au bord de l’abîme, totalement dépendant à divers produits qui rendent son cerveau embrumé et qui aggravent encore la dépression qui le grignote reflète bien son état d’alors. Après le lumineux, gentil et unanimement salué « Harvest », le Loner veut imposer à sa maison de disque un suicide commercial avec cet album où les morceaux ont été enregistrés en une ou deux prises (et ça se sent…), aux antipodes de ce qu’elle attend pour un nouveau jackpot. Ce ne sera pas le jackpot, mais un disque honnête, témoin d’un homme proche de la rupture, c’est à dire un disque où on trouve du bon et du moins bon, je vous laisse juge de choisir les morceaux que vous rangez dans la première catégorie et ceux qui iront dans la seconde boite.

Mais le morceau « Tonight’s The Night » est un classique. Morceau dédié à Bruce Berry, ami et roadie, mort d’une overdose. Tout comme Danny Whitten, guitariste de Crazy Horse, devenu incapable d’assurer son rôle dans le groupe, sans compter quelques « emprunts » de guitares pour se payer son produit, que Neil Young renvoya dédaigneusement avec un billet de 50 dollars pour solde de tout compte, billet qu’il s’empressa de convertir en poudre responsable de son overdose… On imagine la culpabilité… Sur la pochette intérieure du vinyle, on voit une photo du groupe sur scène, Nils Lofgren à la guitare appelé à la rescousse, chaque membre du groupe a son nom écrit de la main de Neil Young sous lui, comme toujours, et le nom de Danny Whitten écrit à la place vide qu’il aurait dû occuper… Aussi sombre que la pochette et le malaise qu’elle procure.

« Tonight’s The Night » c’est un riff de basse et des paroles simples, un couplet parlant de Bruce Berry, un couplet du coup de fil annonçant sa mort, qui se répètent plusieurs fois (c’est différent selon les versions, soyez pas impatients…), le titre du morceau repris seul, à deux, en choeur, de très nombreuses fois sur la basse, et un solo de piano sur la première version, puis avec les années un solo de guitare rageur vient remplacer le piano…. bref rien n’est fixé. Sur l’album éponyme, la version qui clôt l’album commence un peu n’importe comment, on sent que rien n’est calé, ça met un petit moment à jouer ensemble… Mais il y a la guitare de Nils Lofgren, idem dans la version enregistrée live au Roxy sortie dans la série des Archives. Le morceau commence souvent par un appel du piano sur quelques notes, mais peu aussi commencer avec les mêmes notes à la guitare…

Sans avoir la prétention d’être exhaustif, ni d’être objectif, voici une petite liste des albums dans lesquels on retrouve ce morceau :

Voilà pour le premier Pong. Maintenant le second (en 200 mots, enfin si je peux…)

Alors, quand j’ai vu le second Ping arriver, je suis allé écouter, et une fois de plus j’ai bien aimé: la référence à Ange est un beau compliment, et qui n’a pas vu le gars Christian Décamps sur scène n’a jamais vu un chanteur habité par les textes qu’il interprète. C’est du théâtre de haut niveau. Il me fait penser à Ian Anderson, le chanteur/flûtiste/guitariste de Jethro Tull.

Et puis je me suis intéressé à la Lèode, instrument inconnu qui a un nom qui appelle au voyage. Le principe semble assez proche de celui du Chapman Stick (coucou Mr Tony Levin ) . Et en cherchant des infos sur Lazuli je suis tombé sur une affiche d’un concert prévu « Chez Claudette », et sur l’affiche il y avait le nom de PENDRAGON !! Un groupe auquel je n’avais pas pensé depuis longtemps. Depuis bien trop longtemps. Alors je suis allé chercher « Not Of This World », album qui commence avec un gros son de synthé, une guitare Pink Floydienne, et un son bien travaillé. Tout l’album est du même calibre : ça flirte entre la pop et le progressif. Mais, surtout, il y a Paintbox en version acoustique…

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