Pong Musical : Jorma Kaukonen – Quah (1974)

Cette fois ci j’ai flairé l’arnaque, le piège posé discrètement pour que je sombre dedans… Il faut dire qu’il me connaît bien, Mr plein de Vent dans la tête. M’a déjà fait le coup avec Quadrophenia : il m’a avoué qu’il avait sciemment posé le mot Opéra dans son texte, et qu’alors en le voyant je ne pourrais que partir sur Quadrophenia… Bon, ok, il avait raison.

Alors le coup du canadien parti à LA, de la guitare acoustique , le premier titre qui se nomme My Old Man, référence claire à Old Man qui ouvre la seconde face d’un certain album nommé « Harvest » . Normalement mon cerveau, qui tourne avec en tâche de fond la Discographie du Grand Neil, aurait dû naturellement sortir un des nombreux albums du Loner pour Ponguer. Ah Ah, je passe à côté du piège.

Mac DeMarco est une fréquentation bien agréable. Cela va bien avec une soirée d’un été ensoleillé, une bière fraîche à la main alors que la brise vient doucement me caresser. C’est frais, léger, bien réalisé. Le désaccordage de la guitare sur Sister, par contre, m’a un peu agacé. Les sons de synthé aussi, parfois. Mais dans l’ensemble une belle découverte. Allez, encore un nouvel ami.

Pourquoi ce Ping m’a entrainé vers Quah de Jorma Kaukonen ? La guitare acoustique peut-être, mais la couverture de l’album m’a fait associer les deux albums, bien que pas dans le même style, ni dans la même tonalité (bien jaunasse pour Kaukonen…). Les mystères des neurones qui se connectent un peu n’importe comment…

Bon. Mr Kaukonen. Je l’ai rencontré à l’écoute de « Burgers » de « Hot Tuna », excellent album avec un Papa John Creach survolté au violon. Hot Tuna c’est Jorma Kaukonen et Jack Casady, guitariste et bassiste de Jefferson Airplane qui s’échappent pour voler de leurs propres ailes. Toujours en activité, les deux ont dévoué leur vie au Blues, mêlant compo de Kaukonen et reprises des pionniers du genre. L’association guitare acoustique et basse électrique, bien que pas très courante, fonctionne très bien, mais il faut dire que Mr Jack est une pointure.

Le premier Album, connu comme celui au verre de bière brisé, référence une chute de verre ou de bouteille provenant de la salle pendant l’enregistrement Live, est un album acoustique (avec la basse électrique, OK, mais ça reste quand même de l’acoustique dans l’âme. On pourrait en discuter des heures, mais je sais que j’ai raison. Enfin je crois. Suis pas sûr, mais quand même…), bref, après le premier album en 1970, plutôt acoustique donc, les suivants de Hot Tuna sont beaucoup plus électriques, voire incandescents, jusqu’au magnifique « Double Dose », Live très énergique qu’il faut écouter sans retenue. La suite deviendra plus acoustique, mais toujours avec des incartades vers l’électrique, si bien que leurs concerts précisent souvent Acoustic Hot Tuna ou Electric Hot Tuna afin de savoir quel face de Hot Tuna on va aller voir.

Mais revenons à Mr Jorma : Quah est son premier album solo. Album qu’il a choisi acoustique, habillé de cordes soyeuses. Produit par son pote Jack, les guitares sont superbes et l’équilibre entre voix, guitares, cordes frise la perfection. Moi je suis amoureux de Jorma, de son phrasé, de la façon unique qu’il a de tordre les mots de sa voix reconnaissable entre mille. Pour attaquer très fort, on commence avec Genesis, morceau joué avec un Picking classique et des cordes pour habiller cette petite perle. Genre de morceau qui donne des frissons de bonheur. C’est une jolie déclaration d’amour, mais comme c’est du Blues, cet amour ne semble pas si bien partagé que ça… On enchaîne avec « I’ll Be Allright », morceau du révérent Gary Davis, preuve que Jorma, qui doit avoir assez de morceaux persos en réserve, tient aussi à jouer les bons morceaux des autres. « Song For The North Star » prouve encore que les cordes soutiennent avec beaucoup de bonheur la guitare. Je ne suis pas certain que je les aie entendues lors de mes premières écoutes, trop aborbé par cette guitare qui sonne si légèrement. « I’ll Let You Know Before I Leave » est un petit instrumental à deux guitares qui met de bonne humeur. « Flying Clouds » met les cordes plus en avant, mais maintenant on est habitué à la combinaison Guitare/Cordes. Un cor pointe même son nez de temps en temps. « Another Man Done Gone » vient terminer la face A du Vinyle. Une reprise qui sent bon le Blues classique, avec des guitares qui pleurent le Blues comme seul les grands peuvent le faire. Après avoir retourné la galette, on repart avec le révérent Gary Davis pour « I Am The Light Of This World ». Arrivé à ce stade de l’album on ne fait même plus attention à la technique des petits doigts de Jorma. Sûr que si il chante autant de Gospels c’est parce qu’il a dû passer un pacte avec le diable pour jouer aussi bien… Ce n’est pas « Police Dog Blues » qui me fera changer d’avis. Les notes arrivent de partout, il y a même des harmoniques qui viennent se glisser dans le morceau, ceux qui aiment la guitare vont adorer ce morceaux. Quoique les autres aussi pourraient bien l’aimer. Arrive « Blue Prélude », et on se dit qu’il a dû se passer quelque chose… Bon, c’est un truc un peu étrange : deux morceaux sont chantés par Tom Hobson, guitariste et chanteur ami de Kaukonen qui a l’origine du projet aurait dû avoir une face pour lui : une face pour Jorma, une face pour Tom : c’est beau l’amitié. Sauf que les maisons de disques respectives des deux copains ne l’étaient pas, elles…. Reste deux morceaux du gars Tom. Longtemps ces deux morceaux m’ont agacé, la voix de Tom étant trop plate à mon goût, alors je me suis concentré sur les guitares pour attendre le dernier morceau. « Hamar Promenade » commence avec une guitare qui introduit un riff bien sympa, puis la voix, toujours aussi particulière, arrive, un peu de cordes, quelques passages bien sympa avec des guitares qui jouent entrelacées, ça ressemble à des danseurs de tango, collés l’un à l’autre, se déplaçant en tournoyant, avec des changements de figures, le morceau se déroule en réjouissant les oreilles du mélomane qui dort plus ou moins profondément en vous. 4 minutes et quarante deux secondes qui passent très très vite. C’est très malin d’avoir posé ce morceau à la fin de l’album… Quand le bras se lève, que la pointe diamant quitte son sillon, que le plateau ralentit progressivement pour enfin s’arrêter, on se dit qu’on s’en reprendrait bien un petit coup.. De quoi ? Ben de « Quah » évidemment !!

J’ai vu sur le site de « Hot Tuna » un T-Shirt qui m’a beaucoup plu : une simple phrase qui dit «  If you don’t know Jorma, you don’t know Jack » ; Désormais vous ne pourrez plus dire que vous ne connaissez pas Jorma…. Bonne écoute.

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