Ping Musical : Pain of Salvation - Panther

Le gars jnb sort les classiques, sans pour autant tomber dans l’album que tout le monde connaît. Non monsieur, c’est que le gars jnb quand il te parle d’un groupe, il te parle d’un groupe. Les albums, tous les albums, il les connaît. Le repas que le bassiste a mangé avant la naissance de son fils, il le connaît (peut-il te sortir l’aport calorique, j’en suis presque sûr.)

Paintbox m’a instantanément fait penser à Yes, ça sent bon le space rock. Et c’est vrai que la comparaison avec notre musique franchouillarde de l’époque fait mal à notre patriotisme. Rika Zaraï, Johnny Halliday, Richard Anthony, Joe Dassin ont dessiné le top 50 français en cette année 1969, De l’autre côte de l’Atlantique c’est Marvin Gaye, The Beattles, The Rollibg Stones ou encore Diana Ross. Tu rajoutes Fleetwood Mac, Stevie Wonder, Johnny Cash (le seul vrai Johnny qui soit) ou encore des groupes peu connus comme The Who ou David Bowie et ça a tout de suite une autre gueule. 1969 c’est aussi la création d’Ange, comme quoi la France avait encore l’envie d’avoir envie (ouais…).

Bon n’empêche qu’à chaque fois il arrive à me coller le jnb. Comment veux-tu tirer quelque-chose parmi la multitude de références que font jaillir un groupe de ce calibre, il peut pas me sortir des petits groupes sans prétentions non, il tape dans le lourd, le légendaire.

Si tu me parles de Pink Floyd je pense automatiquement à de l’innovation en matière d’enregistrement (La qualité du son sur The Dark Side of The Moon, putain pour l’époque les gars avaient fait un travail de malade.), de l’expérimentation musicale repoussant les limites conventionnelles de l’époque. Tu ranges ça à côté de groupes comme Yes, Jethro Tull ou Genesis et tu as déjà de quoi te faire de bonnes soirées de plaisirs auditifs.

La musique est avant tout une affaire d’humains, les ombres derrières la beauté jaillissant d’un savant mélange d’instruments, de sonorités, de gammes. Du génie à n’en pas douter. Si on reste sur ce crédeau la logique voudrait que je sorte un bon Dream Theater des familles. Mais là encore, qu’il y a-t-il à découvrir dans ce groupe ô combien important dans ma culture musicale. Non, il faut un nouvelle fois se retrousser les manches et aller chercher plus loin. En revanche si vous ne connaissez pas le groupe, je vous conseille Images and Words et Six Degrees of Inner Turbulence.

Tiens, ça faisait longtemps que je vous avais pas parlé de la médiathèque de mon adolescence, dans ce beau bâtiment il y avait là-encore un album qui allait me marquer : Remedy Lane de Pain of Salvation.

Quatrième orfèvre d’un groupe suédois ayant fait une arrivée fracassante à la fin des années 90. Nous avons ici un concept-album, comme presque à chaque fois, traversant le spectre musical pour venir secouer de la créativité, allumer le feu (re ouais…) magnifique qu’est la transcendance. Rien est à jeter dans cet album, le tout est cohérent solide et on a plaisir à y revenir pour en savourer les subtilités. Un délice.

Un morceau comme Part of the Machine : Inside sur l’album One Hour by the Concrete Lake résume parfaitement l’état du métal progressif de l’époque. Des frissons à chaque fois que je lance l’album.

Je suis presque sûr que monsieur jnb fut en contact auditif, aussi bref soit-il, avec cet album dans sa vie. Je peux même vous assurer que cela était avec Winamp, c’est vous dire l’époque.

Alors choisir cet album, ô combien magnifique soit-il eu été un peu trop simple. Autant s’éloigner de ce métal progressif que j’affectionne tant pour partir explorer des contrées musicales plus vastes. Je vais ainsi vous parler de l’album Panther, le dernier en date du groupe. Sortie à la fin du mois d’aôut de cette année toute particulière.

L’album commence avec Accelerator, un rythme improbablement oppréssant se propage dans mes oreilles, le combo batterie/guitare déstabilise, le clavier vient t’écraser dans ton fauteuil (si tu es assis, autrement tu tombes et il est déjà trop tard). Le phrasé est groovy, empli d’une verve incandescante. Et puis ne serait-ce pas des bols tibetins au loin ? Le groupe frappe fort d’entrée de jeu.

Unfuture est lent et crade. Ça sent le sud, les vapeurs d’alcool se mélangeant à la cigarette. Daniel Gildenlöw emporte le tout de sa voix reconnaissable entre milles. Véritable pierre angulaire de l’album, les instruments viendront se greffer autour, s’articuler.

Restless Boy est encore une fois un modèle niveau rythmique, Léo Margarit (cocorico) est un batteur hors-norme. La mélancolie emporte tout sur son passage et ce morceau, en quelques écoutes, s’est frayé un chemin dans ma mémoire. Il correspond parfaitement à une traversée de la Loire en allant au boulot à 6 h du mat’, une contemplation des champs, des oiseaux venant picorer le sol ou encore d’un dimanche soir au coin du feu avec le chat sur les genoux.

Les nappes de synthés et l’utilisation singulière de la guitare amène un aspect mécanique, froid et implacable. Les effets sur la voix sont amenés avec parcimonie, renforçant le côté émotionnel du morceau. En toile de fond la basse fait son travaille, douce et tout en rondeur elle berce l’auditeur. Un très gros coup de coeur.

Wait est d’une efficacité painofsalvationesque. On y retrouve les ingrédients préférés du groupe avec une montée lente et progressive, des refrains entraînant et un sens de la mélodie toute particulière. Dès les premières notes, le frisson est là, l’utilisation du vocodeur sur la voix est intrigante à la première écoute et puis cela est au final une bien belle idée, apportant ce détachement collant aux paroles. La guitare acoustique finira de vous conquérir j’en suis sûr. Au casque le travail sur les voix est encore une fois à souligner, décidement.

Keen To A Fault est encore une fois un savant mélange entre sonorités éléctroniques et éléctriques. J’y ressens beaucoup de Peter Gabriel sur le début du morceau. La batterie est une nouvelle fois monstrueuse, tout y est millimétré et pour autant elle ne parait pas étouffée par le reste.

Fur est un interlude, rien de plus, rien de moins.

Panther mélange habillement rythmes tribales, phrasés rapés et bonnes grosses guitares faisant juste ce qu’il faut pour rendre le tout violent. Et puis une cassure, soudaine. Un changement de ton pour repartir sur encore quelque-chose de nouveau. En live ce morceau s’annonce déja comme un classique.

Species s’impregne par les plus beaux groupes de rock des années 60-70. Ça sonne simple et efficace. On retrouve le Pain of Salvation purement rock qu’on avait sur les deux albums Road Salt.

Icon vient clôturer l’album du haut de ses 13 minutes. Une première présentation des différents thèmes musicaux nous plonge entre deux eaux. D’un côté la douceur du piano, délicatement joué. De l’autre un son de guitare sombre et perturbant. Et puis l’éclat de lumière, l’insouscience de la jeunesse sur un arpège aéré.

Panther est un album absolument passionnant pour les fans du groupe, il aborde encore une nouvelle facette musicale, allant toujours aussi loin dans l’exploration et l’expérimentation sans pour autant délaisser le gout de la mélodie et de l’émotion. Certains seront laissés de côté, d’autres en ressortiront une nouvelle fois admiratifs. Et pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe, cet album est une bonne porte d’entrée. Il brille par sa qualité d’écriture, son leader charismatique articulant les morceaux autour de sa voix incroyable.

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