Ping musical, Ulver - Shadows of the Sun

Et moi qui pensais naïvement qu’Emerson, Lake and Palmer était encore un de ces groupes de jazz ultra select, se paluchant comme des malades sur leurs instruments…

Une nouvelle fois, le vieux jnb me prouve qu’un vieux sage est un jeune con qui a pris de la bouteille.

Brain Salad Surgery est un album riche, un élan d’amour à la musique et même la gentillette Still … You turn me on fait son effet. Les anglo-saxons ont vraiment un je ne sais quoi pour te créer des tubes bien garnis.

Et que dire de Karn Evil 9, il me semble même que dans la 2nd Impression vers la minute et demi un son de synthé similaire à ceux présant dans Panther (ping précédent) se fait entendre.

J’aime écouter des gars qui expérimentent, vivant leur musique comme ils l’entendent, sans se soucier de ce que l’auditoire pourrait penser. Et puis Keith Emerson est un bon taré des synthés, aimant triturer le son et repousser les limites présentes de l’époque.

Ouais, il y a ce truc qui vient te chatouiller les oreilles lorsque tu écoutes des artistes de cette trempe. C’est autre chose que de la chanson de divertissement, ici tu sens que ç’a vie, ça grouille, ça fourmille d’éclairs de génie, de petites trouvailles musicales qui, glissées avec parcimonie, viendront ravir l’auditeur.

Jnb m’a sûrement refillé pas mal de défauts, pour certains le fait de se farcir, mono-maniaquement, un album encore et encore, pouvant l’écouter en boucle pendant deux semaines sans s’octroyer un léger détour vers autre chose. Oui pour certains cela serait une tare, pour moi (nous), c’est un cadeau, le don de savourer pleinement le fruit des génies musicaux.

Alors après cette déferlante de créativité, cette vague de musicalité j’avais envie de me poser, de respirer et de laisser vaguer mon esprit. Les synthés ont ce pouvoir de créer des ambiances propices à l’introspection.

Alors quoi de mieux que de partir sur un groupe aux multiples facettes ? Des gars qui travaillent leur musique comme ils l’entendent, faisant fie des étiquettes (trop d’étiquettes) et des catégorisations hâtives.

Ici nous sommes dans les froides contrées norvégiennes avec Ulver qui, à ces débuts, partit d’un black métal typique pour voguer vers une musique pluri-spectrale (nda: déposer un brevet).

À chaque nouvelle sortie, bien que reconnaissant la patte du groupe, force est de constater qu’il s’agit une nouvelle fois d’une expérimentation musicale. La dernière en date nous vient de cette belle année de merde 2020 avec l’album Flowers of Evil où le son tend vers la new-waves des années 80. Et comme tout connard qui se respecte, connard qui ne supportait pas cette mouvance (quoique l’écoute de Depeche Mode m’a interpelé), j’ai été plus que conquis par cet album faisant remuer les fesses.

Mais nous ne sommes pas ici pour parler de mon postérieur, parlons plutôt de l’album Shadows of the Sun sorti en l’an de grâce 2007, un an avant l’arrivée de Facebook en France, l’année de l’Iphone premier du nom, un temps proche et bien loin à la fois.

Quelle facette du groupe avons-nous sur cet album ? Hé bien l’inverse d’EML. L’album débute avec Eos, nappes de synthés nous emmenant déja dans des contrées désertiques, un retour à la nature, une contemplation. Puis la voix arrive, envoûtante, pure. Les cordes feront leur effet et viendront terminer le début du voyage en beauté, magifié par un theremin. En tapant ces mots un héron s’envole du champ près de la maison, les feuilles du peuplier bruissent tel la pluie, et le vent insuffle délicatement sa vie, faisant virevolter les feuilles ayant vécu.

Et cela n’est qu’un aperçu, les premières minutes d’une bonne demi-heure ou l’atmosphère crée dans cet album est dense et etherée à la fois, sombre, très sombre avec quelques éclas de lumière de-ci de-là. On en ressort purifié, laver de tous les maux de notre société actuelle. On en ressort également reposé de toute cette sollicitation permanente que suggère fortement notre mode de vie. Et pourtant, dans l’ombre d’un recoin de notre psyché, une présence observe, manigance sans que l’on s’en aperçoive. Cette fatalité se cachant en tout un chacun.

Ulver joue ici avec le concept même de musique, permettant à chacun de percevoir ce qu’il veut de l’oeuvre auditive proposée avec ce Shadows of the Sun. Je n’en dirais pas plus et vous laisserez tenter le voyage, de préférence allongé, un casque sur les oreilles et en fermant les yeux.

Hate de lire ce que M. jnb en aura pensé.

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