Pong Musical - Tony Hymas – Oyaté

Bon. Mastodon ?

Mais quelle idée de s’appeler Mastodon ? Parce que moi ça me fait penser à l’ancêtre de l’éléphant laineux ou du mammouth. Pas le truc léger quoi. Plutôt le genre Humer de la préhistoire. Pas le genre à faire le tour de la hutte quand il en rencontre une. Plutôt le style à rentrer par la porte en l’élargissant un peu vu que les hommes préhistoriques faisaient des portes à leur taille, et pas à celle des Mastodons. Et une fois dans la hutte, comme y’avait pas de porte au fond de la hutte pour éviter les courants d’air à chaque fois que quelqu’un sort pour…bref vous voyez ce que je veux dire, les wc intérieurs n’étaient pas encore inventés, donc vu qu’il n’y avait pas de portes au fond de la hutte le Mastodon s’en faisait une pour sortir, parfois même il sortait avec le toit en paille sur la tête, ce qu’il trouvait fort agréable quand il y avait du soleil l’été.

Et comme l’homme préhistorique était du genre vindicatif il a exterminé tous les Mastodons et les Mammouths, n’épargnant que les éléphants parce qu’eux étaient bien élevés et faisaient le tour des huttes. C’est profondément injuste me direz-vous, oui je vous l’accorde, mais comment le préhistoric-man aurait-il pu savoir qu’il construisait une hutte sur une piste ancestralement utilisée par les pachydermes pour leurs transhumances ? C’est un peu comme si on construisait un chalet pour l’été au milieu de l’autoroute… C’est un peu exagéré ensuite de te fâcher parce qu’un 38 tonnes te l’a transformé en petit bois pour allumer l’insert…

Mastodon donc. Dans mon petit cerveau d’homme à peine post-préhistorique j’entendais déjà des guitares saturées jouant en étant accordées trois tons en dessous du mi habituel, une batterie qui aurait remplacé sa caisse claire par un tom basse et qui enfilerait les quadrubles croches à la grosse caisse, une basse sur une corde et deux cases, et une voix ressemblant aux Orques du Seigneur des Anneaux… Tout ça à cause se cette erreur dans le choix du nom du groupe et de l’avertissement du gars à la queue de cheval sous sa casquette noire et blanche. Attention, qu’il a dit’ ça beugle un peu…

Et bien pas tant que ça !!! Et quand ça le fait, c’est bien amené, bien entouré de moments musicaux inventifs, légers. C’est indéniablement un album métal de son époque, mais avec des arpèges acoustiques (intro de The Last Baron), de sonorités seventies (intro de The Czar, guitare de Oblivion à 4 mn 05, coucou David Gilmour…), des ruptures dans la composition, bref les moments qui beuglent sont à leur place. Bref j’ai beaucoup côtoyé le Mastodon, et je trouve ça bien plus varié et subtil que ce que me suggérait leur nom.

Je vois bien le furventesque apprécier cet album en traversant les paysages sans fin et bien plus que désertiques de l’Utah et de l’Arizona pour aller manger un soir au Swinging Steack à Mexican Hat. Et se mettre au fond des rétines le paysage de la Forest Gump Hill. D’ailleurs, si au détour des vingt-cinq bornes de piste caillouteuse de la Valley of the Gods un Mastodon côtoyait une butte rouge, et bien il serait à sa place tant ces lieux semblent être là depuis la nuit des temps. Et même depuis la journée d’avant…

Et dans cette bulle hors du temps où le Mastodon squattait les oreilles du chevelu, entre les miennes résonnait un album on ne peut plus adapté nommé Oyaté de Tony Hymas. Un omni (objet musical non identifié) trouvé à la bibliothèque de Moncoutant. Double album hommage à la culture et la musique des peuples premiers nord-américains. Ça commence avec un feu qui crépite, une chouette dans la nuit, des tambours, un torrent qui s’écoule, la guitare de Jeff Beck, John Trudell qui récite ses textes, et la suite, qui côtoie le Jazz, utilise aussi bien une flûte, un tambour ou une formation de cordes, la suite, donc, m’a emmené dans des vallées paisibles, des plaines immenses, des forets de séquoias géants, des montagnes enneigées, en canoë sur des lacs scintillants, sur un paisible mustang traversant des paysages ocres et désertiques entre mésas et buttes, mais aussi au cœur de combats, de massacres… Tous ces voyages, je les ai faits quinze ans avant d’être à la localisation précise évoquée dans son denier Ping par le fan de Mastodon, et je les ai refaits en direct live en même temps que lui, lui associant ce qu’il voyait avec Crack The Skye, moi en habillant mes visions d’Oyaté…

Pour revenir à Oyaté, c’est le bon album à écouter devant des flammes (allumées avec le petit bois du chalet construit sur l’autoroute…) dévorant des bûches un après-midi pluvieux en feuilletant un bon livre ou, plus moderne, en scrollant des images de ces endroits magiques, l’Amérique aux paysages immenses, celle que l’on aime, celle où l’on croise des Mustangs d’acier…

Bonne écoute…

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