Ping musical, Pain of Salvation: Remedy Lane

J’imagine la tête du grand-père en entendant les bruits émanant de la chambre/mausolée de M. jnb, un choc entre deux mondes, deux visions des choses. Bien que le grand-père et les gars de King Crimson ne doivent pas avoir une différence d’âge bien élevée, il y a un gouffre qui les séparent. Bon finalement en allant jeter un rapide coup d’oeil sur Wikipedia, je vois que l’ami Fripp est né en 46, il y a finalement un faussé entre nos deux hommes, une guerre même.

C’est marrant quand même quand tu y penses. Deux personnes naissant le même jour, peuvent avoir des vies complètement différentes, avec une course effrénée de retard/avance sur l’autre. C’est tout de même drôle de se dire que pendant que des gars s’amusent à découper des bandes pour coller, littéralement, des sons, essayant de repousser les limites de la création tu as, dans notre magnifique pays(age), un mec qui te pond une chanson comme Vanina, que Michel Sardou est déjà là … le ver est déjà dans la pomme.

Effectivement les gars de King Crimson sont des magiciens, agençant des choses impossiblement conjugales pour, une fois le sort récité avec une certaine liberté sur.l’interprétation des codes, accouchent d’une oeuvre magnifique.

On peut y retrouver des plans floydiens (easy money) pour enchainer avec un morceau comme the talkin drum où l’on oscille entre l’orient, la musique des Balkans et le planant de l’époque. Bluffant.

Pour envoyer un bon ping à mon compatriote je suis reparti à l’âge où ses cheveux poussaient, les miens aussi d’ailleurs. Puis ils ont été coupés, et maintenant ils repoussent enfin. Bref l’âge où débute ce chamboulement hormonal en tout un chacun, l’âge où tu enfourches ton fidèle destrier motorisé pour te rendre à la médiathèque. Tiens, elle est de retour celle-là.

Effectivement, en y repensant cette médiathèque fut un éveil musical incroyable, et l’album du jour a déjà été évoqué brièvement dans un ping précédant. Où plutôt sa forme originelle car aujourd’hui ce qui nous intéresse c’est le remastering qui en a été fait.

Nous sommes donc avec Pain of Salvation et l’album culte qu’est Remedy Lane. Je me rappelle encore sortir la galette du blister plastique, l’insérer dans mon walkman provenant de la Redoute, avec coques échangeables, et ouais…

L’album est la quintessence du style à l’époque, un bijou de créativité, une oeuvre culte pour les amateurs du genre mais, il souffrait des poncifs des productions de l’époque dans l’équilibrage des instruments. J’ai toujours trouvé que les cymbales étaient trop aigües, que le mix général l’était également, que la voix si magnifique de Daniel Gildenlöw était parfois étouffée. Cela n’enlève rien au fait que l’album est incontestablement brillant d’ailleurs. Le monsieur a du entendre cela et, en 2016 sort à nouveau l’album dans une version remixée ainsi qu’une version live (avec le line-up de 2016 et donc plus aucuns membres présents sur l’album de 2002 hormis M. Gildenlöw.)

Dès les premières notes je repartis presque quinze ans en arrière, tout en redécouvrant des lignes de basses dont je n’avais aucune idée jusque là, en redécouvrant une oeuvre encore plus vivante, plus moderne sûrement.

Le premier morceau met en jambe l’auditeur, cela s’annonce lourd. La suite (Ending theme) introduit l’histoire, dépose des thèmes qui seront repris tout au long de l’album.

L’album démarre vraiment avec le troisième morceau Fandango, je me rappelle encore la première écoute, j’avais eu du mal à l’époque à faire jongler mon cerveau avec ce rythme singulier, à assembler les différents instruments pour en comprendre le tout.

A Trace of Blood se voit lui aussi embellit par ce remix, la ligne de basse à partir des trente secondes est magnifique, me faisant penser instinctivement à Rush. Et puis cette guitare, envoutante, te parlant avec des notes comme seuls les grands musiciens savent le faire.

Après cette débauche d’énergie, reposons nous un peu avec This Heart of Mine (I Pledge), sublime ballade ou les arpèges et la voix haut perchée se marient à ravir. Il faut en profiter car cette incursion dans la lumière retombe vite avec Undertow, le morceau suivant, sombre au possible, triste à en crever.

Et là, nous arrivons sur le morceau que je préfère, depuis le début et toujours aujourd’hui. Je crois d’ailleurs que si un classement sur l’ensemble de mes écoutes devait être fait, il y occuperait assurément le top 3, facilement.

Oh, j’en oubliais également Chain Sling, lui aussi dans mon top 3, ça fait quand même beaucoup pour un seul groupe, seul un certain Dream Theater avec Blind Faith pourrait truster le haut du classement. J’exagère sûrement, car on pourrait y ajouter beaucoup d’autres titres.

Dryad of The Woods est un instrumental, c’est beau et subliment travailler et cette montée en puissance sur la fin vous fait frissonner à chaque fois, si ce n’est pas le cas je ne peux pus rien pour vous, repartez donc vous sardouiller les oreilles, si tenté que ces organes puissent vous servir à écouter de la musique.

Waking Every God est peut-être la pièce la moins forte de l’album, morceau plus classique, non sans talents et bons moments.

Second Love est un superbe slow, pourquoi ne passons nous pas cela dans les booms, ça emballerait avec classe non ?

Beyond the Pale termine cet oeuvre et comme toujours avec Pain of Salvation nous avons le droit à une pièce assez longue pour refermer l’album, le remix rend le morceau encore plus péchu. Quand les lignes de basses sont mis en valeurs, les albums prennent une autre tournure, instrument de l’ombre trop souvent méprisé. Les thèmes des différents morceaux sont repris et parachève l’histoire de cet album, la créativité du groupe est vraiment parfaitement résumée dans ce morceau. Quinze ans après, écrivant ces lignes sur mon pc, je suis encore en train de balancer ma tête comme une gugusse, et plisser les yeux lorsqu’un bon phrasé musical vient te chatouiller les poils. (Ça vous arrive aussi à vous ?).

Quand un groupe est grand, qu’un album est à la fois une oeuvre musicale mais aussi sentimentale, constructive, que le casque sur vos oreilles est beaucoup plus juste avec les sons que vos oreillettes intras achetées 10 euros chez Super U, le plaisir est tel qu’il n’y a pas de mots, hormis ceux plus haut et, surtout, le plaisir de réécouter encore et encore.

Bonne écoute.

https://musicbrainz.org/release/728657d9-48cf-4bf0-9c9d-5a2532d24488

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