Ping musical, Frank Zappa – Over-Nite Sensation

Que ce soit du petit gimmick à la guitare dès le début de l’album, du I know what I like and I like what I know ou encore du solo de Firth of Fifth, de l’incroyable The Battle of Epping Forest, l’album Selling England by the Pound est un petit bijou, tout comme Foxtrot d’ailleurs. Et vu les gaillards derrières les instruments ce n’est pas étonnant.

Comme le dit jnb, il est intéressant de s’intéresser à l’évolution technologique entre ces deux albums. La qualité du son, de sa restitution est tout de même incroyable. On sent bien qu’à l’époque ça bougeait plus que vite.

Genesis est une pierre angulaire du rock, un monument ayant inspiré beaucoup de rejetons, d’autres groupes. Alors le choix est une nouvelle fois difficile. Pourquoi ne pas partir alors sur un homme et non un groupe ?

Quand je pense à Genesis je pense à Peter Gabriel, désolé mais Phil Collins c’est Tarzan et Another Day in Paradize en musique en 4°. Quand je pense à Gabriel, je pense à un grand malade, un artiste pour sur. Je pense à quelqu’un de complexe, pétri de talent et qui sait s’entourer pour créer de magnifiques morceaux.

Alors ce sera Frank Zappa. Un autre magicien savant s’entourer, mais quel Zappa ? Mmmh, vous avez pris un jour de repos ? Ça risque d’être long vu la discographie du monsieur. Et je dois faire un aveu, ce ping est également une découverte pour moi.

Il y a plus de dix ans j’avais écouté l’album Hot Rats, conseillé dans un bouquin sur l’histoire du Rock ou les meilleurs albums par années je ne sais plus. En tout cas il était rangé sur le meuble tv à côté des synthés, mais ça vous en avez sûrement rien à faire. Je n’avais pas accroché, en même temps je n’accrochais qu’aux groupes beuglants, il fallait de la violence, de la violence et de la violence. Et entre ces couches de saturations des groupes comme Dream Theater, Porcupine Tree, Pain of Salvation, Ark venaient me rappeler que la musique c’était aussi un art, un vecteur d’émotions hors-paire.

J’ai donc entrepris l’écoute de quelques albums du moustachu et, ce fut une claque. J’ai d’abord commencé avec Zut Allure, un album plus rock que les autres. Puis j’ai glissé vers The Grand Wazoo, avec ces cuivres à gogo et ces parties partant dans tous les sens, un grand album à n’en pas douter. Il y eut aussi Apostroph’ et enfin Over-Nite Sensation.

L’album s’ouvre avec Camarillo Brillo, une parfaite synthèse bridouzienne de l’Amérique avec un grand A. Un morceau me faisant instantanément penser à un film où le mec s’appelle Forest, Forest GUMP. La construction est classique, efficace et plus je tends l’oreille, plus je suis fasciné par ces cuivres, ces accompagnements sur le deuxième refrain. Je n’arrive pas à comprendre le génie derrière cela. Comment peut-on avoir ces idées. Dans tous les cas, le morceau est brillant, donne la banane lorsque tu pars au boulot, longeant la Loire et ces pécheurs (Salut Jéjé !).

Avec I'm the Slime on a même le droit à Tina et les Ikettes qui, entre deux trois uppercuts d’Ike, viennent pousser la chansonnette. Il parait d’ailleurs que ce dernier trouvait ça merdique, au point de refuser que sa femme et les Ikettes soient créditées sur l’album. Un pamphlet contre les médias de masse, sur du funk groovy, qui te fait remuer l’arrière-train machinalement.

Dirty Love nous emmène dans des contrées un peu salaces, avec un son de clavier comme les aime Stevie Wonder, et de la guitare dantesque avec un usage de la wah wah impeccablement exécutée.

Fifty/Fifty possède un défaut, le chant de Ricky Lancelotti, j’ai beau me concentrer je ne vois aucune musicalité là-dedans. En revanche, si on arrive à occulter la voix la musique est, quant à elle, un pur délice. Un jeu de batterie génial, une basse qui te rappelle que cet instrument n’est pas là pour faire de la figuration, un George Duke qui se déchaîne derrière son clavier, et même un beau solo de crin-crin électrique.

Zomby Woof entame le trio gagnant de l’album, ça groove sévère, tout en comportant des éléments free-jazz, demandant des écoutes successives pour en savourer toute l’ingéniosité. Encore une fois, la guitare est excellente. Le début du morceau devait être un sacré défi à jouer, et en live ça devait être un régal, pouvant être accéléré, ralentit à l’excès pour chauffer l’auditoire.

Dinah-Moe Humm est de nouveau une belle chanson salace sur un fond musical guilleret. On sent que les musiciens ne sont pas des débutants. Ça joue plus que bien, c’est carré, précis, y compris lorsque ça part dans tous les sens. Montana

Montana est le dernier morceau, une histoire de cow-boy voulant aller élever du fil dentaire dans le Montana. Des paroles bien Zappaïennes, portées par une composition musicale toute en progression. Commençant tranquillement, envoûtant l’auditeur avec les cuivres, un petit clavier discret et une basse donnant le ton. La guitare vient nous délivrer un p***in de solo après deux minutes. M. Zappa n’est pas n’importe qui tout de même. Et après cela les choeurs partent dans les aiguës, les cuivres s’emballent et le morceau se finit en apothéose.

Frank Zappa me replonge dans cette effervescence musicale des années 60-70, une frénésie sentant bon la liberté, l’expérimentation et le plaisir de jouer. Une production musicale ne demandant qu’à être sur scène et jouer, jouer, et encore jouer. La demi-heure de l’album passe à une vitesse folle et un seul choix s’offre à nous lorsque l’écoute est terminée, relancer la machine pour un second tour.

Si vous n’avez pas apprécié l’aventure, j’ai bien peur de ne rien pouvoir faire pour vous. Il vous reste bien ce sulfureux, et rebelle, Michel Sardou. Mais autant vous prévenir tout de suite, ça risque d’être bien pâle à côté de Frank Zappa. En plus Sardou n’a pas de moustache.

Bonne écoute.

https://musicbrainz.org/release/c9d40e99-57ec-42ae-9818-125914d0ddf6

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