Pong Musical : Ten Years After – Recorded Live 1974

Jolie idée que ce festival… Avec un joli bourdon et des albums aux différents pollens à butiner. Des qui filent le bourdon, et des plus festifs… Pollens aux différentes senteurs une fois de plus. Le gars à la faux aime la biodiversité…

Bon, qui dit festival à quelqu’un de ma génération éveille forcement (ou pas…) le souvenir d’un événement mythique ayant donné un film, un triple album, et un double album, plutôt méconnu d’ailleurs le double, que j’ai acheté 10 jours avant le triple… Et puis des tonnes de coffrets pour les anniversaires importants, 6 cd pour le quarantième anniversaire, 10 pour le cinquantième… Qui dit plus ? Et puis je compte pas The Who à Woodstock, CSN&Y à Woodstock, etc etc… Ça frise l’overdose…

Quand tu écoutes toute cette masse de notes, et ben tu te rends compte que tout le monde n’était pas au top, que beaucoup d’enregistrements ressemblent plus à de la mélasse mélangée à du beurre de cacahuète qu’à un enregistrement live écoutable… Bon, certains vous diront que c’est ce qui fait tout le charme… Mmmm ouaip, suis quand même pas convaincu…

Pourtant je suis allé voir le film un soir sur semaine au Florida, salle de ciné maintenant défunte, paix à son âme. Le film était proposé par le ciné club. Habituellement il y avait cinquante personnes dans la salle…Que des intellos de la pellicule. Des personnes qui aimaient les films en noir et blanc quoi….

Pour voir le film il fallait prendre une carte d’adhésion au Ciné-club. Ils ont explosé le nombre d’adhérents, record passé explosé, et record à jamais inégalé ! Là tout était plein, même dans les allées on se pressait pour voir ces 3 heures de musique sur écran ! Ben c’était bien. J’en suis revenu tout chamboulé…

Il y a quand même quelques moments qui sont encore bons à écouter dans cette soupe originelle qui signait la fin d’une époque plutôt que le début d’un monde nouveau, quoique la génération spontanée ça n’existe pas trop, on est toujours la suite d’une histoire, jamais un truc issu de nulle part.

Et puis ce Soul Sacrifice de Santana, avec ce solo de Michael Shrieve !!! Et puis la beauté de Roger Daltrey et de ses cheveux Furventesques !!! Et puis Hendrix au petit matin… Et puis Joe Cocker qui cherche un coup de main de ses potes !!!

Et puis il y avait le monumental I’m Going Home !! Sans aucun doute un des meilleurs moments du film. Comme je veux me fâcher avec personne, je ne dis pas LE meilleur moment, mais j’en pense pas moins…

Il y a un seul truc, à mon avis, qui a empêché Alvin Lee de devenir une icône genre Clapton ou Hendrix : il était trop dedans. Je m’explique, enfin je vais tenter de clarifier ma pensée. Et pour vous, et pour moi… Bref, les non touchés par la grâce du Blues ne comprennent souvent pas la douleur/plaisir de la note bleue… Cette note bien particulière qui provoque une émotion que j’oserais comparer à une petite douleur pré-orgasmique.

Souvent les musiciens grimacent en jouant cette note. Pas parce que c’est une fausse note, non non, parce que c’est LA note, celle qu’il faut jouer à cet instant précis, de cette façon précise, avec ce vibrato précis ou au contraire une note droite comme la route 93 entre Las Vegas et l’Interstate 40 un jour d’été brûlant, bref une note qui se prolonge juste ce qu’il faut. Le problème c’est qu’Alvin Lee en jouant en produisait beaucoup des notes comme ça… Alors il grimaçait beaucoup. Mais vraiment beaucoup….Il était plutôt beau gosse, avait une guitare personnalisée iconique, un jeu de Guitar Héro… Mais il était trop dedans, il grimaçait beaucoup trop.

Ten Years After, c’est aussi Léo Lyons. Bon, l’image traditionnelle du bassiste, celle du seul mec qui reste de marbre sur scène, la poutre maîtresse, celle qui tient tout l’édifice debout, malgré les lézardes dans les murs dues aux excès d’ un guitariste, aux gesticulations d’un batteur un peu agité…, et bien cette image là était explosée façon puzzle, dynamitée, dispersée, ventilée … Disons qu’il était un peu agité le gars ? Ce qui sortait de sa basse était à l’image de son comportement speedé, mais précis comme une horloge Suisse.

Je crois que je pourrais reconnaître une bonne dizaine de Live, bon, faut-il mettre un s à Live ? Voilà le genre de vertige qui te prend soudainement quand tu essaies de transposer à l’écrit un truc tout simple à l’oral…. et merde, on va dire une bonne dizaine d’enregistrements en public, merci Molière, bref je pourrais les reconnaître rien qu’aux applaudissements qui précèdent l’annonce du groupe. Mais là c’est trop facile : Und jetz (in the) Festhalle Frankfurt… Bon, je mets entre parenthèse parce que je comprends pas bien : mais Und Jetz et Festhalle Frankfurt, ça il y a pas de doute, et j’en connais pas beaucoup du tout des enregistrements public à la Festhalle de Frankfurt : j’en connais qu’un même… Alors forcement avec les quelques secondes d’applaudissements qui précèdent, c’est facile.

Double album à la pochette très Seventies, Recorded Live a été mon premier achat de Live : j’aurais pu plus mal choisir… C’est du Rock ? Oui, c’est sûr. Mais pas que. Du Blues ? Assurément. Mais pas que. Du Jazz alors ? Certainement. Mais pas que. C’est un mélange de tout ça. Ten Years After n’aimait pas la ligne droite, les trucs prévus d’avance genre deux couplets / un refrain / un couplet en trois minutes maximum, le truc qui passe à la radio, quoi. (Oh !! mais… ? C’est peut-être pas les grimaces qui ont fait que… Peut-être que l’absence de tubes de trois minutes… ) Bref, chaque morceau est un voyage musical, voyage proposé par un Alvin Lee qui chante et joue excellemment bien …en grimaçant.. Léo Lyons se déchaîne sur sa basse en grand Jazzman qu’il est, Chick Churchill assure aussi solidement que discrètement avec son Hammond, et Rick Lee rythme le tout très efficacement. D’ailleurs, comme on est en 1973, vous n’échappez pas au solo de batterie qui se doit de figurer sur tout double Live qui se respecte…

On peut dire que I’m Going Home est le morceau iconique de l’album. Mais, mis à part Hobbit et son solo de batterie, quoique l’intro n’est pas inintéressante, bref, essayez de trouver un morceau qui soit moins bon que le totémique I’M Going Home… Je vous met au défi. Choo Choo Mama peut-être… Ben non, pas la peine de vous acharner, vous ne trouverez pas, rien n’est à jeter. Depuis que j’ai entrepris d’écrire ce Pong, je n’écoute plus que cet album. Impossible de ne pas avoir envie d’y replonger, encore et encore…

Bonne écoute.

PS : Et puis Alvin Lee c’est aussi The Bluest Blues, avec Georges Harrisson à la Slide, excusez du peu, juste un ami qui vient donner un petit coup de main… Si la perfection existe, ce morceau peut en être l’hymne.

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