1987

1er janvier: Des voitures incendiées, des feux d’artifices ratés, des humains alcoolisés. Et au beau milieu de ça Jean-Mi, qui se demande pourquoi il devait comme chaque année se farcir le premier repas de l’année, avec un mal de crâne, chez sa belle-mère. Déjà vingt ans qu’il mangeait tous les ans du pain de poisson, une pintade trop cuite et une buche d’une semaine… Putain d’année qui commence.

14 février: Jean-Mi est stressé. Le Buffalo Grill est réservé pour 19h45, il a enfilé sa plus belle chemisette, s’est fait une belle moustache à la José B, il s’est même mis du Drakkar Noir (échantillon subtilement mis dans la poche au Mammouth d’Avrainville). Il est prêt le Jean-Mi, prêt à en mettre pleins les yeux à la Mauricette. Prêt à lui faire la cour, pour lui prouver son amour. Seul souci, Mauricette n’est pas à la maison ce soir. Elle n’a d’ailleurs pas, et ça Jean-Mi ne l’a pas remarqué, fait de lessive ni passer l’aspirateur aujourd’hui. Alors il attend, dans le salon, il s’offre un petit verre et se replace la raie au milieu du crâne.

15 février: Jean-Mi se réveille à 15h, un mal de crâne digne d’un mauvais pain de poisson lui explose la tronche. Il remarque devant lui un post-it. Mauricette est partie, Jean-Mi est désemparé. Comment vais-je faire pour aller au boulot demain sans slip repassé moi ?

22 février: l’A320 fait son premier vol d’essai au-dessus de Toulouse, les riverains sont émerveillés par cette prouesse de l’homme. La terre elle, continue de pleurer, un peu plus fort chaque jour.

30 mars: Foutue soirée, il n’y a vraiment pas de justice dans ce monde. Jean-Mi avait enfin décidé de se reprendre en main, il avait commencé à courir un jour sur deux, entrepris d’apprendre à cuisiner pour éviter de s’enfiler des cordons-bleus tous les jours avec une variation hebdomadaire nouilles/riz. Ouais, Jean-Mi était sur la bonne voie. Pour la première fois depuis le départ de Mauricette il avait décidé d’aller se confronter au monde dans une soirée organisée par un collègue de boulot. Il était arrivé un peu en avance, chemisette fraichement achetée, bouteille sous le bras. À cette soirée il avait rencontré Émilie, une jeune cadre dans la finance dont il avait tout de suite su qu’elle était faite pour lui. Il faut dire qu’elle ressemblait à s’y méprendre à Mauricette, y compris dans les passions et l’expertise de la table à repasser. Il n’eut malheureusement pas le temps d’appliquer ses techniques de dragues fraîchement apprises dans un bouquin, la belle avait disparu au bras d’un plus jeune, en polo.

6 mai: Jean-Marie, alias l’enflure borgne, continue ses discours nauséabonds. La petite Marine, majeure depuis moins d’un an (et encartée FN depuis moins d’un an), acquiesce bêtement tout en ayant un peu honte quand même. Une honte qui disparaitra assez rapidement.

8 juin: Trente-huit ans après la parution de son roman, deux ans se sont écoulés depuis l’histoire. La novlangue était une vision prémonitoire.

21 juin: Notre gars arpente les rues, se laissant happer par la douceur de vivre un jour de fête de la musique, merci Jack ! Il s’arrête pour tantôt savourer un bon rock, tantôt une chorale. Qu’il fait bon vivre dans ce doux pays. Cela lui amène un peu de gaieté, lui qui a mal démarré l’année.

6 juillet: Life

3 août: Sujet du tout premier pong musical de jnb.

10 août: Il fait chaud, très chaud. Jean-Mi se décide à partir à la mer. Faut bien se faire plaisir de temps en temps. Alors notre ami démarre sa ZX, et part. La route est un plaisir, du monde mais ça roule relativement bien tout de même. Il s’allonge sur le sol, savoure le dernier Marc Levy. En poche le bouquin, faut pas non plus trop engraisser la vache à lait. Jean-Mi déballe l’alu de son sandwich jambon-mayo, un délice. Et, alors que tout allait bien, sa journée vira au cauchemar. Il revit Mauricette, au bras d’un beau jeune homme, et décida alors de rebrousser chemin. Hors la ZX se plaisait bien sous les embruns et refusa de démarrer. Deux heures plus tard, la dépanneuse arriva et Jean-Mi commença son long périple du retour entre attente au téléphone, voiture de loc’ défaillante et train annulé. Jean-Mi eu juste le temps de s’écrouler vingt minutes sur le canapé avant de devoir partir au boulot. Quelle journée !!!

13 septembre: L’insatiable Jean-Marie remet le couvert, un détail dira on au vu de son pédigrée aussi charger qu’une 405 (voiture de l’année) sur le chemin de la Grande Motte en plein mois de juillet.

15 octobre: À l’époque il avait une chevelure magnifique, et il sortait son deuxième album, Surfing with the Alien,

24 octobre: Jean-Mi est au bout du rouleau. Décidément ne pas travailler avec un slip bien repassé est vraiment inconfortable au possible. Alors il fait de son mieux, ses patrons en ont assez et le remercie.

20 novembre: Premier lancement réussi de la fusée Arianne 2, on me dit que la terre pleure toujours.

3 décembre: Une bien belle année pour notre gars, il faut dorénavant penser à se relever. La raie toujours impeccablement placée au milieu du crâne, Jean-Mi part pointer à l’ANPE, un changement de vie s’impose pour pouvoir tourner la page. On lui propose beaucoup de choses, seul un faible nombre retiennent son attention. Il lui faudra quelques jours avant de pouvoir poser sa réflexion. Et c’est ainsi qu’il se rasa le crâne, laissa tout en plan pour aller se réfugier dans les montagnes, avec pour seul ami un canif. Nul n’eut plus jamais de nouvelles de lui, on dit que parfois il se laisse voir, furtivement entre deux pins. On dit qu’il a perdu la tête suite à cette sombre année 1987, alors si jamais vous le croisez, rappelez-vous son histoire. Rappelez-vous qu’un homme sans slip court à la déchéance.

15 décembre: début des travaux du tunnel sous la Manche. Dicton d’une vieille dame :** “On est peut-être pas les plus intelligents, mais on est toujours pas plus con que les Anglais.”

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