Je travaille dans un monde parallèle.
Un monde où le temps a déformé la logique, où ces (quinze) dernières s’entrechoquent, où les jeunes doivent logiquement s’adapter à la déformation vieillissante.
Un monde où les repas n’ont plus de conventions. Debout, dans un couloir, sur un bar, avec les mains, les pieds, triple desserts en fractionné et sandwich à emporter.
Un monde où le soignant peut laver une poupée pour essayer de laver la mémé.
Un monde où la notion de propriété est fluctuante. (Tu veux manger mon pain de savon ?)
Un monde où on peut en venir au main pour une histoire de serviettes de table. (moches en plus les serviettes)
Un monde où je suis loin d’avoir vu le jour, où Pompidou est encore parmi nous.
Un monde où l’expression des émotions est différentes, parfois invisible pour l’oeil lambda.
Un monde où le coucher du soleil et l’approche de la nuit sont, sans le savoir, des éléments perturbateurs.
Un monde où un sourire est une victoire, où ces petits moments de partage font plaisir à voir.
Un monde où je garde tous les trous en mémoire pour éviter l’oublie.
Un monde magnifique.
- La memoire des autres - Plongée dans le soin.