Katatonia - The Fall of Hearts
Une nouvelle fois ce fut un régal pour les oreilles. Peter Gabriel sait effectivement plus que bien s'entourer. Chaque musicien/chanteur est à sa place, mêlant son art dans un savoureux mélange harmonique. La production est au top, comme toujours.
L'album est un melting-pot d'influences allant de Pink Floyd en passant par la musique celtique (coucou Ayreon). J'y retrouve également des phrasés Wilsonien par moment. Et la voix de M. Gabriel, quelle voix mes enfants. ( Allez écouter _Make Tomorrow_ ou, sur d'autres albums, _The Book of Love_ et _Red Rain_ ).
Il y avait donc de quoi faire pour en tirer un ping alléchant. Et pourtant j'ai pas mal gambergé (et en écrivant ces lignes cela continue). Que mettre en avant ? La richesse musicale ? La qualité du son ? L'expérimentation s'émancipant des genres musicaux ?
Et puis merde il faut bien se lancer, alors ce sera la voix. Car effectivement sur _Make Tomorrow_ les premières résonances d'un Peter en forme m'ont fait frémir, vibrer l'échine. À chaque fois, la même sensation, celle d'un son provenant directement de l'âme. Venant perforer toutes les carapaces, se frayant un chemin au plus profond de l'être.
Un grand, à n'en pas douter.
Ce qui nous amène donc à mon _ping_ du jour. On est ici dans du métal, la saturation est bien présente, mais comme toujours j'aime à écouter des groupes amenant un petit surplus. Nous sommes donc ici avec un groupe dont la musique a su évoluée et atteindre un tournant plus progressif avec cet album.
Avec _The Fall of Hearts_, Katatonia continue son bonhomme de chemin dans un métal sombre et dépressif porté par la voix de Jonas Renkse. En revanche, le groupe vogue ici vers un terrain progressif qui n'est pas sans me déplaire.
La cohérence est de mise, le groupe travaille les ambiances et les textures sonores pour en faire ressortir l'émotion. La mélancolie peut revêtir bien des formes.
Le groupe en est d'ailleurs le spécialiste. Travailler cette facette de l'être humain, la torturer, l'analyser, la rendre plus amère ou bien plus heureuse. Il y a de quoi faire et la musique qui en ressort est d'une rare intensité.
L'album s'ouvre sur un magnifique arpèges/voix supporté par une batterie discrète. Déjà la magie opère, puis une minute plus tard la musique s'énerve, les potards sont tournés et c'est parti pour 6 minutes. Le groupe frappe fort d'entrée avec des riffs léchés, on retrouve d'ailleurs des élements de post-rock
avec ces longs riffs monotonales (monotonones ? monotoniques ?).
Le deuxième morceau continue de travailler cette mélancolie, un clavier vient se greffer pour apporter une couleur différente. Viens par la suite _Old Heart Falls_, morceau que je trouve sublime, magnifiquement composé. J'y retrouve ici cette sensation capillaire vécue avec Peter Gabriel.
L'album déroule ainsi sa palette de tristesse, tous les morceaux abordent une nuance, le tout bien mis en valeur par un chant plus narratif que traditionnel. Le coeur de l'album possède un duo de merveilles d'écriture que sont _Residual_ et _Serac_. On y retrouve l'essence même du groupe, un travail soigné sur l'atmosphère des titres, le tout avec une composition moins conventionnelle et des claviers venant soutenir cette nouvelle facette du groupe. Le travail fait sur les lignes de basse doit être souligné, tout en sobriété elles renforcent cette désolation ambiante.
_Last Song Before the Fade_ a ce petit côté pop qui passe tout seul, le morceau défile à une vitesse folle. Ce qui contraste avec le suivant où on calme les guitares et laisse place au clavier et ses nappes envoutantes (Je ne sais pourquoi mais, j'y entends des sons d'indiens d'Amérique du Nord).
_Wide Awake in Quietus_ vient refermer l'album avec une douceur certaine, toujours sublimée par ce clavier fort intéressant pour l'apport à la construction des textures du morceau.
Le groupe arrive à conjuguer toutes ces influences, ingurgiter son passé pour produire un album d'une très grande qualité. Et bien que leur thème principal soit la tristesse, la mélancolie on ressort de l'écoute heureux d'avoir pu s'évader ainsi. Car là est la force de leur musique, laisser divaguer le cerveau de l'auditeur dans les méandres des ténèbres, explorer divers territoire, s'imprégner de la noirceur pour rejaillir vers la lumière (Alléluia mes bien chers frères).
Et pour les avides de noirceurs, je conseille également l'album _Kocytean_, court car simplement un regroupement de face-B, mais terriblement efficace et représentatif du talent du groupe.