La faulx
Tout part de là, cette envie de moins, la mort du tracteur tondeuse m’a poussé à revoir mon organisation au jardin. Marre de devoir vidanger, remplir d’essences, s’occuper des bougies, des courroies des lames, de l’aiguisage de ces dernières. Alors lorsque mon valeureux destrier à quitter ce monde j’ai opté pour la faulx.
La faulx est utilisée depuis des siècles, le mécanisme parait tout simple et il l’est. Son utilisation en revanche doit être rigoureuse, appliquée.
La faulx est constituée d’un manche avec deux poignées ou l’on vient placer une lame au bout. Par simple mouvement des bras la lame parcourt un demi-cercle (180°) et, au contact de la végétation, coupe cette dernière.
La lame que j’utilise provient de la taillanderie Falci en Italie. Une des dernières en Europe à encore travailler à la main le métal, l’acier, le fer. Il y a aussi Fux en Autriche, mais La Frontière, la boutique où j’ai acheté la faulx, ne travaille qu’avec les Italiens pour le moment.
La lame fait 70cm de long, son fil (~ deux ou trois millimètres) doit être aiguisée toutes les cinq minutes avec une pierre pour l’affuter et après une bonne journée de fauche (~ huit heures) elle doit être battue avec un marteau à battre sur une enclumette afin d’étirer le fil pour qu’il retrouve son redoutable tranchant.
Petits conseils d’un débutant:
- Prendre le temps de bien régler les angles
- La lame avec le sol (~ 8 millimètres)
- Le manche avec la lame (plus il est ouvert plus il coupe en quantité, mais il requiert plus de technique et plus de force. Il est préférable d’avoir un angle fermé pour faucher tranquillement.)
- S’appliquer à avoir un geste de coupe naturel, léger
- Ce n’est pas le buste qui force mais le mouvement qui travaille. Il est possible d’accentuer légèrement la force de coupe en tirant doucement avec le bras gauche lors de la coupe, ramenant ainsi ce dernier au niveau de la poche arrière gauche. Le buste suit la lame, l’inertie du corps est d’abord concentrée sur la jambe droite puis lors de la coupe elle se déplace sur la jambe gauche.
- Ne pas voir trop grand dans l’amplitude du mouvement
- Avancer le pied droit de la largeur de la lame à la fin du mouvement aller
- Puis avancer le pied gauche lors du mouvement de retour
- Aiguiser dès que l’on sent une résistance
- Prendre la lame pointe vers la droite
- Sur le côté non-visible, aiguisez en biais de gauche à droite par de petit mouvement de haut en bas en se déplaçant sur le fil, la pierre ayant un angle de ~ quarante-cinq degrés
- De l’autre côté, adopter un mouvement presque identique, l’angle un peu plus ouvert.
- Le tranchant du fil peut être vérifier avec la technique du pouce
- Retourner la lame et placer l’ongle de votre pouce sur le fil côté non-visible
- Faire une légère pression sur le fil en pivotant votre ongle
- Le fil doit légèrement onduler, si ce n’est pas le cas il faut l’aiguiser voir le battre.
Pour régler la hauteur du manche :
J’ai mis du temps à comprendre l’importance de ce réglage, et une fois bien ajustée la fauche n’a plus rien à voir. La poignée du haut (main gauche pour les droitiers) doit être placée à une coudée de celle du bas.
- Appuyer son coude sur la poignée du bas
- tendre le bras et la main en direction des trous du haut
- Fixer la poignée au trou le plus proche de l’extrémité de votre main.
- Rajouter cinq centimètres si vous trouvez que votre espacement n’est pas optimal.
Il se peut que la lame nécessite une légère élévation supplémentaire lorsque vous vous attaquez à de l’herbe trop dense pour éviter que la lame se coince dans la terre. En général lorsque vous achetez une faulx, différentes cales sont livrées avec.
Pour ma part j’utilise une cale sans inclinaison, en cuire. Il m’arrive parfois de butter sur de grosses touffes d’herbes ou de coincer la pointe dans la terre, mais en pratiquant régulièrement, en se concentrant sur un geste fluide, léger, les erreurs disparaissent rapidement.
Bonne fauche !